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1803, 19 janvier. Les desservants et marguilliers de la succursale de Saint-Germain-des-Prés au citoyen ministre de l’Intérieur

  • Arch. nat., F 21-586 nos 15 à 17

Citoyen Ministre,

Le gouvernement a donné des preuves signalées de la protection qu’il accorde à l’exercice du culte catholique en ordonnant la remise à plusieurs églises de presque tous les objets de décoration dont elles avaient été dépouillées.

Peu d’églises étaient mieux ornées que celle de Saint-Germain-des-Prés, elle contenait des tableaux des meilleurs maîtres ; le maître-autel était couvert d’un baldaquin soutenu de six colonnes de marbre dont la beauté excitait l’admiration générale et dont la valeur est inappréciable. Des ouvrages de sculpture du plus grand mérite décoraient les chapelles ; un orgue généralement estimé ajoutait à la pompe des exercices religieux.

Tout a été enlevé, l’orgue a été donné à l’église de Saint-Eustache quoiqu’elle en eût un. En un mot, l’église de Saint-Germain-des-Prés est dans un état de nudité indigne de sa destination.

Cependant les exercices publics de la religion de l’État ont besoin d’être environnés d’un éclat qui parle aux yeux. C’est aux temples que doit appartenir la vraie majesté.

Nous ne redemandons pas nos colonnes ; nous les offririons même au musée des Monuments si elles étaient en notre pouvoir.

Mais nous espérons de la bienveillance du Gouvernement :

1° La remise des tableaux qui ont appartenu à Saint-Germain-des-Prés et dans le cas où le gouvernement en aurait disposé, de nous les remplacer par ceux dont l’état est ci-joint, lesquels sont maintenant au musée de Versailles.

2° Que l’orgue de Saint-Victor et ses accessoires déposés au Conservatoire des arts et métiers soit mis à notre disposition en remplacement de celui dont l’église a été dépouillée au profit de celle de Saint-Eustache.

Des demandes aussi justes ne peuvent qu’être honorées de votre appui.

Le vingt-neuf nivôse an XI de la République française

Lévis, desservant de Saint-Germain-des-Prés