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1795, 18 avril. Suppression des signes de féodalité et superstition

Mémoire des ouvrages de sculpture en suppression de signes de féodalité et superstition faire en cy devant Saint-Germain-des-Prés ; par Daujon demeurant rue du faubourg Saint-Martin n°74

  • Arch. nat., F 13-962 nos 1 à 27

SAVOIR
[comptes du vérificateur, annotations marginales]
45 livres
Au-dessus de la porte de ladite église en dehors avoir démoli et descendu deux anges à genoux de chaque côté du tympan et une statue de saint placée au milieu des anges et ragrée les places. Estimés [comptes de l’entrepreneur]
51 livres
16 l. Sur les deux battants de porte, avoir supprimé en bois de chêne deux saints en bois de deux pieds de haut et ragréé les places avec soin. Estimés 19 l.
16 l. Idem les noms de Marie inscrits en grandes lettres fleuronnées en plusieurs endroits et ragréé les places proprement. Estimé 19 l.
9 l. Idem plusieurs couronnes sur les portes et au-dessus des lettres. Estimés 10 l.
42 l. Sous le grand portail, avoir supprimé un bas-relief en pierre très dure, ledit de 8 p. sur 9 p. et représentant la Pâques, supprimé toutes les dites figures et ragréé la place avec soin et fait tous les raccords nécessaires. Estimés 47 l.
64 l. En entrant par le portail dans l’église à gauche, avoir supprimé sur les lettres de bois huit couronnes en pierre, lesdites posées sur des niches très hautes et des cheveux à la place des couronnes. Estimé 72 l.
200 l. Au grand buffet d’orgue, avoir dans la frise supprimé tout le long des fleurs de lis en bois et chacune d’elle en avoir fait un fleuron pour ajuster le tout à la sculpture qui était déjà faite, le tout en bois de chêne très dur et à très grande hauteur, lesdits changement faits presque partout le buffet et sur chacun des corps en plus de quatre-vingts endroits, lesdites fleurs de lis de 6° de haut. Estimées, y compris tout le changement en sculpture et dans des endroits difficiles, cy 225 l.
75 l. Idem dans les panneaux centrés, avoir supprimé quatre écussons blasonnés du cy devant royal, restauré avec soin chacun d’iceux ainsi que les colliers cordons couronnes. Estimés 88 l.
9 l. Idem au-dessus du cadran à une très grande hauteur, avoir supprimé trois fleurs de lis de dix pouces d’hauteur et dans un endroit difficile pour les trois et le ragrément. Estimés 10 l.
41 l. À la chaire à prêcher avoir supprimé à un quart de rond vingt une fleurs de lis et fait à la place des fleurons pour ajuster le tout à la sculpture, lesdites en bois de chêne très dur et faits lesdits fleurons avec soin. Estimé 47 l. 05 s.
9 l. 10 s. Au mausolée de Casimir de Pologne, avoir enlevé une grande inscription avec des baguettes et corbeaux de fer qui la retenaient. Estimé 11 l. 15 s.
36 l. Sur la grande draperie déployée derrière le mausolée, avoir supprimé douze grands chiffres avec des couronnes et ragréé le tout avec soin. Estimés 42 l.
36 l. Idem pour le cintre de l’arcade où est placé le mausolée, avoir supprimé en pierre dure douze chiffres dorés et couronnés semblables à ceux qui étaient sur la draperie. Estimés 42 l.
20 l. Dans la même chapelle, avoir supprimé un mausolée dont l’inscription était en cuivre entourée de bordures de marbre, ainsi que la base dudit avoir descellé, descendu, arraché les crampons et ragréé le tout. Estimé 22 l.
150 l. Dans les voûtes tout au-dessus de l’église, au-dessus de l’autel et de chaque côté avoir supprimé trois immenses écusson armoriés avec couronnes colliers croix, le tout avec la plus grande difficulté vu la hauteur de plus de 150 p. Estimé 195 l.
72 l. Aux chapiteaux du grand autel avoir supprimé aux six colonnes vingt-quatre grandes fleurs de lis en plomb formant fleurons sur chacune des faces desdits chapiteaux et ragréé le tout avec soin les places où elles étaient le tout coupé à l’outil et sans dégradation. Estimé 84 l.
24 l. Au baldaquin avoir coupé à l’outil huit grandes fleurs de lis en bois doré à une couronne de plus de deux pieds de diamètre et ragréé le tout avec soin pour ne rien gâter de chacune, 10° de haut. Estimées 26 l.
21 l. Au suspensoir avoir supprimé une couronne royale avec des fleurs de lis sur trois, deux avec un fond d’azur et collée du papier azuré par-dessus le tout à la place des fleurs de lis pour ne rien dégrader pour tous ces objets y compris les fournitures. Estimé 25 l.
12 l. Dans la chapelle de Douglas voir sur deux inscriptions fait disparaître à l’outil des signes de féodalité et restauré proprement les places pour ce en marbre noir. Estimé 15 l.
27 l. Idem avoir descellé démonté descendu avec beaucoup de difficulté deux grands blasons armoriés en marbre blanc et très épais, l’un de Douglas l’autre de Castelane. Estimé y compris le descellement des corbeaux de fer, vaut 30 l.
6 l. Dans la chapelle de saint Claude avoir enlevé une épitaphe, une inscription blasonnée en marbre noir estimé 7 l.
12 l. Idem avoir supprimé au ciseau un écusson blasonné armorié et ragréé proprement le tout en marbre. Estimé 15 l.
12 l. Au fond du chœur dans une chapelle avoir supprimé une grande couronne diademée sur la tête d’une Vierge et refait des cheveux à la place le tout en pierre ferme. Estimé 15 l.
50 l. Plus avoir descellé démonté et descendu sept inscriptions en marbre provenant de divers mausolées. Estimée chacune à huit livres l’une parmi l’autre y compris la dépose la descente et le dégougeonnement des corbeaux de fer qui les retenaient cy 56 l.
60 l. Avoir descendu deux guerriers de plus de 6 p. de proportions en marbre blanc avec leurs socles de 4° d’épaisseur, les avoir descellés et descendus avec beaucoup de soin et de difficulté ainsi qu’arraché le fer qui les retenaient. Estimé 74 l.
40 l. Idem deux statues de pleureuses en bronze descellées et descendues avec beaucoup de soin et d’attention ainsi qu’un tête de chérubin de même métal pour ces trois. Estimés 45 l.
10 l. Idem avoir défait un entablement supporté par deux colonnes en marbre et arraché tous les fers qui le retenaient. Estimé 12 l.
40 l. Idem avoir descellé et descendu les deux colonnes en marbre avec chapiteaux et base en bronze très bien sculptées, lesdites colonnes de 5 p. d’hauteur et descendu avec le plus grand soin pour ne rien briser. Estimé 50 l.
48 l. Avoir transporté et rangé dans une chapelle et fait ranger soigneusement tous les objets mentionnés cy-dessus afin d’éviter qu’ils ne soient brisés ou emportés, et ce jusqu’à ce qu’ils soient transportés au magasin. Estimé 54 l.
110 l. Avoir fait transporter au magasin les objets cy-après savoir deux statues en marbre blanc représentant des guerriers, lesdites avec leur socle l’une et l’autre couchée et appuyée sur des cousins de plus de 6 p. de proportion sur 15° de large pour l’une et l’autre deux pieds de large avec des socles de 4° d’épaisseur ; les avoir sortie de l’église chargées déchargées transportées et rangées dans le magasin au lieu indiqué par le garde-magasin. Estimé y compris frais 128 l.
12 l. Transporté idem et rangé dans les magasins sept inscriptions en marbre de différentes grandeurs, chargé déchargé et mis en place avec soin cy 14 l.
10 l. Idem transporté et rangé audit dépôt une tombe en marbre noir. Estimé 12 l.
50 l. Idem transporté audit dépôt deux colonnes en marbre de 5 p. d’hauteur ainsi que les bases et chapiteaux en bronze, le tout avec le plus grand soin après avoir attaché des planches et de la paille tout alentour pour éviter la dégradation ainsi que la cassure ou égratignure des colonnes et chapiteaux. Estimés 60 l.
21 l. Idem transporté deux figures de pleureuses en cuivre avec une tête de chérubin rangée dans le magasin Estimés 25 l.
12 l. Idem deux écussons armoriés en marbre blanc de 3 p. de haut sur 2 p. 6° de large. Estimés 15 l.
60 l. Avoir supprimé en pierre un grand écusson armorié dans un fronton donnant sur le jardin du côté de la cour avec tous les attributs d’abbés ainsi que crosse et mitre et autres signes de superstition et féodalité de plus de 1 p. de long sur 7 p. de haut et rangés proprement. Estimé 72 l.
Tous les objets cy dessus mentionnés et décrits transportés au dépôt national des Petits-Augustins ainsi qu’il apert par le reçu en date du vingt-trois brumaire et signé Lenoir garde du dépôt de ce monument.
PEINTURE
25 l. Avoir peint à l’huile et couleur de bois toutes les places ou étaient des fleurs de lis tant dans la chaire qu’aux orgues et aux différents petits autres endroits. Pour ce 25 l.
1479 l.
+ 36 l. 19
de frais
de vérificateur =
1515 l. 19
Total 1760 l.

Vérifié et modéré le présent mémoire à la somme de quinze cent quinze livres dix-neuf sols. Paris ce quatorze floréal.

MINUTE d’ouvrage en suppression de figures de féodalité faite en l’église cy-devant Saint-Germain-des-Prés par Daujon, sculpteur, demeurant rue du Faubourg Saint-Martin, n° 74.

Au-dessus de la porte de ladite église en dehors avoir démoli et descendu deux anges à genoux de chaque côté du tympan et une statue de saint placée au milieu des anges et ragréé les places.

Sur les deux battants de porte, avoir supprimé en bois de chêne deux saints en bois de deux pieds de haut et ragréé les places avec soin.

Idem les noms de Marie inscrits en grandes lettres fleuronnées en plusieurs endroits et ragréé les places proprement.

Idem plusieurs couronnes sur les portes et au-dessus des lettres.

Sous le grand portail, avoir supprimé un bas-relief en pierre très dure, ledit de 8 p. sur 9 p. et représentant la Pâque, supprimé toutes lesdites figures et ragréé la place avec soin et fait tous les raccords nécessaires.

En entrant par le portail dans l’église à gauche, avoir supprimé sur les lettres de bois huit couronnes en pierre, lesdites posées sur des niches très hautes et des cheveux à la place des couronnes.

Au grand buffet d’orgue, avoir dans la frise supprimé tout le long des fleurs de lis en bois et chacune d’elles en avoir fait un fleuron pour ajuster le tout à la sculpture qui était déjà faite, le tout en bois de chêne très dur et à très grande hauteur, lesdits changement faits presque partout le buffet et sur chacun des corps en plus de quatre-vingts endroits, lesdites fleurs de lis de 6 pce de haut.

Idem dans les panneaux centrés, avoir supprimé quatre écussons blasonnés du cy devant royal, restauré avec soin chacun d’iceux ainsi que les colliers, cordons, couronnes.

Idem au-dessus du cadran, à une très grande hauteur, avoir supprimé trois fleurs de lis de dix pouces de hauteur et dans un endroit difficile pour les trois et le ragrément.

À la chaire à prêcher, avoir supprimé à un quart de rond vingt et une fleurs de lis et fait à la place des fleurons pour ajuster le tout à la sculpture, lesdites en bois de chêne très dur et fait lesdits fleurons avec soin.

Au mausolée de Casimir de Pologne, avoir enlevé une grande inscription avec les baguettes et corbeaux de fer qui la retenaient.

Sur la grande draperie déployée derrière le mausolée, avoir supprimé douze grands chiffres avec des couronnes et ragréé le tout avec soin.

Idem pour le cintre de l’arcade où est placé le mausolée, avoir supprimé en pierre dure douze chiffres dorés et couronnés semblables à ceux qui étaient sur la draperie.

Dans la même chapelle, avoir supprimé un mausolée dont l’inscription était en cuivre entourée de bordures de marbre, ainsi que la base dudit, avoir descellé, descendu, arraché les crampons et ragréé le tout.

Dans les voûtes tout au-dessus de l’église, au-dessus de l’autel et de chaque côté, avoir supprimé trois immenses écusson armoriés avec couronnes, colliers, croix, le tout avec la plus grande difficulté vu la hauteur de plus de 150 p.

Aux chapiteaux du grand autel, avoir supprimé aux six colonnes vingt-quatre grandes fleurs de lis en plomb formant fleurons sur chacune des faces desdits chapiteaux et ragréé le tout avec soin les places où elles étaient, le tout coupé à l’outil et sans dégradation.

Au baldaquin, avoir coupé à l’outil huit grandes fleurs de lis en bois doré à une couronne de plus de deux pieds de diamètre et ragréé le tout avec soin pour ne rien gâter de chacune, 10 pce de haut estimées

Au suspensoir, avoir supprimé une couronne royale avec des fleurs de lis sur trois, deux avec un fond d’azur et collée du papier azuré par-dessus le tout à la place des fleurs de lis pour ne rien dégrader pour tous ces objets y compris les fournitures.

Dans la chapelle de Douglas, avoir sur deux inscriptions fait disparaître à l’outil des signes de féodalité et restauré proprement les places pour ce en marbre noir.

Idem avoir descellé, démonté, descendu avec beaucoup de difficulté deux grands blasons armoriés en marbre blanc et très épais, l’un de Douglas l’autre des Castellans, y compris le descellement des corbeaux de fer.

Dans la chapelle Saint-Claude, avoir enlevé une épitaphe, une inscription blasonnée en marbre noir.

Idem avoir supprimé au ciseau un écusson blasonné armorié, et ragréé proprement le tout en marbre.

Au fond du chœur dans une chapelle, avoir supprimé une grande couronne diademée sur la tête d’une Vierge et refait des cheveux à la place, le tout en pierre ferme.

Plus avoir descellé, démonté et descendu sept inscriptions en marbre provenant de divers mausolées. Estimée chacune à huit livres, l’une parmi l’autre, y compris la dépose, la descente et le dégougeonnement des corbeaux de fer qui les retenaient.

Avoir descendu deux guerriers de plus de 6 p. de proportions en marbre blanc avec leurs socles de 4 pce d’épaisseur, les avoir descellés et descendus avec beaucoup de soin et de difficulté ainsi qu’arraché le fer qui les retenaient.

Idem deux statues de pleureuses en bronze descellées et descendues avec beaucoup de soin et d’attention ainsi qu’un tête de chérubin de même métal pour ces trois.

Idem avoir défait un entablement supporté par deux colonnes en marbre et arraché tous les fers qui le retenaient.

Idem avoir descellé et descendu les deux colonnes en marbre avec chapiteaux et base en bronze très bien sculptées, lesdites colonnes de 5 p. de hauteur et descendu avec le plus grand soin pour ne rien briser.

Avoir transporté et rangé dans une chapelle et fait ranger soigneusement tous les objets mentionnés cy-dessus afin d’éviter qu’ils ne soient brisés ou emportés, et ce jusqu’à ce qu’ils soient transportés au magasin.

Avoir fait transporter au magasin les objets cy-après, savoir deux statues en marbre blanc représentant des guerriers, lesdites avec leur socle, l’une et l’autre couchée et appuyée sur des cousins de plus de 6 p. de proportion sur 15pce de large pour l’une et l’autre, deux pieds de large avec des socles de 4 pce d’épaisseur ; les avoir sorties de l’église chargées, déchargées, transportées et rangées dans le magasin au lieu indiqué par le garde-magasin.

Transporté idem et rangé dans les magasins sept inscriptions en marbre de différentes grandeurs, chargé, déchargé et mis en place avec soin.

Idem transporté et rangé audit dépôt une tombe en marbre noir.

Idem transporté audit dépôt deux colonnes en marbre de 5 p. d’hauteur ainsi que les bases et chapiteaux en bronze, le tout avec le plus grand soin, après avoir attaché des planches et de la paille tout alentour pour éviter la dégradation ainsi que la cassure ou égratignure des colonnes et chapiteaux.

Idem transporté deux figures de pleureuses en cuivre avec une tête de chérubin rangée dans le magasin

Idem deux écussons armoriés en marbre blanc de 3 p. de haut sur 2 p. 6 pce de large.

Avoir supprimé en pierre un grand écusson armorié dans un fronton donnant sur le jardin du côté de la cour avec tous les attributs d’abbés ainsi que crosse et mitre et autres signes de superstition et féodalité de plus de 1 p. de long sur 7 p. de haut et rangés proprement.

Tous les objets cy dessus mentionnés et décrits transportés au dépôt national des Petits-Augustins ainsi qu’il apert par le reçu en date du vingt-trois brumaire et signé Lenoir, garde du dépôt de ce monument.

PEINTURE

Avoir peint à l’huile et couleur de bois toutes les places où étaient des fleurs de lis tant dans la chaire qu’aux orgues et aux différents petits autres endroits.

Je certifie véritable tous les articles porté au présent état.

Fournier

L’an second de la République française une et indivisible cy : 1515 livres 19 sols.

Montamant

Le présent mémoire dont les ouvrages ont été reconnus sur l’attachement cy-joint et après avoir été révisés ont été par moi vérificateur de bâtiments des travaux publics, évalués à la somme de 1 505 livres.

À Paris, le 22 ventôse de l’an 3e de la République française une et indivisible.

Happée

Vu par moi contrôleur des bâtiments de Paris

À Paris, ce 9 germinal de l’an III de la République française une et indivisible.

Legrand

Le présent mémoire de sculpture fait pour suppression de signes féodaux en la ci-devant église de Saint-Germain-des-Prés par le dit Daujou dans le courant des premiers mois de l’an II en vertu de l’ordre du département des travaux publics en date du 15 juin 1793. Sous les 16° 387-[f° ?]161 et 2286 renvoyé au bureau des bâtiment le 22 Nivôse dernier par le citoyen Rondelet a été réglé par moi, soussigné architecte, d’après vérification et contrôle qui en ont été faits à la somme de quinze cents cinq livres, et remis à la Commission des travaux publics.

À Paris, le dix-huit germinal de l’an III de la République française.

Payen

Vu par nous, administrateurs du département de Paris

À Paris, le vingt-neuf germinal de l’an III de la République française une et indivisible.

[Delahaye ?]

Cousin

Nicoleau